Formes et symptômes
Formes et symptômes
Cette page propose un tour d’horizon complet des formes principales et rares de la maladie, des symptômes à reconnaître, des comorbidités fréquentes et des enjeux cliniques et thérapeutiques liés à leur identification.
Mieux les connaître pour mieux les prendre en charge
L’endométriose et l’adénomyose peuvent se présenter sous différentes formes anatomiques — superficielles, profondes, ovariennes, digestives, urinaires, extra-pelviennes ou encore intra-utérines dans le cas de l’adénomyose — avec des manifestations cliniques très variables d’une personne à l’autre.
Certaines auront des douleurs cycliques intenses, d’autres des troubles digestifs, urinaires ou une fatigue chronique ; d’autres encore ne présenteront aucun symptôme visible pendant des années. Pourtant, derrière cette diversité apparente, se dessinent des mécanismes communs : inflammation, douleurs neuropathiques, hypersensibilisation centrale, dérèglements hormonaux ou immunitaires.
À ces formes et symptômes s’ajoutent souvent des comorbidités — maladies auto-immunes, syndromes douloureux chroniques, troubles digestifs, fatigue inexpliquée, troubles de l’humeur — qui viennent complexifier le diagnostic comme la prise en charge.
Ainsi savoir reconnaitre les symptômes, même subtils, ,comprendre les formes, repérer les pathologies liées est essentiel pour adapter les traitements et sortir des parcours d’errance.

L’importance de reconnaître les symptômes
Dans l’endométriose, les symptômes sont souvent multiples, variables et complexes. Apprendre à les identifier, comprendre leur origine et les décrire précisément est une étape essentielle pour les personnes concernées comme pour les soignant·es.
Les symptômes ne sont pas « dans la tête », ils sont des signes cliniques précieux.
Ils reflètent non seulement l’existence d’une atteinte, mais aussi la manière dont cette atteinte est vécue, ressentie et intégrée dans la vie de la personne.
Reconnaître, nommer et écouter les symptômes est le point de départ d’un parcours de soin plus juste, plus individualisé et plus efficace.
Pour les patient·es : se réapproprier son vécu corporel
Connaître ses symptômes permet de :
- Mieux gérer sa maladie au quotidien, en identifiant les facteurs déclenchants, les périodes les plus sensibles, ou les activités aggravantes. Cela permet aussi de sortir de la kinésiophobie (peur du mouvement ou de la douleur) ;
- Adapter ses stratégies de soulagement en fonction du type de douleur : par exemple, les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont souvent efficaces pour les douleurs liées aux règles ou à l’ovulation, mais beaucoup moins pour les douleurs neuropathiques ou digestives. Cela permet de gagner en sentiment de contrôle ;
- Communiquer plus efficacement avec les professionnel·les de santé, en décrivant des symptômes spécifiques (ex. : douleurs à la défécation, à la miction, à l’effort, latéralisées, cycliques…) qui orientent vers certaines formes ou atteintes d’endométriose ;
- Participer activement à la prise de décision thérapeutique et au choix des traitements médicaux, chirurgicaux, ou complémentaires ;
- Donner du sens à ce qu’on ressent, sortir de la confusion, et parfois aussi du doute sur soi ou sur la réalité de la douleur. Mettre des mots permet également de cheminer vers la reconnaissance de son vécu et l’acceptation de la maladie.
- Se reconnecter à son corps, dont les ressentis sont souvent mis à distance à cause de la douleur chronique ou du sentiment d’impuissance et entraine une forme de dissociation corporelle. Cela passe par la réappropriation de ses sensations corporelles, en redonnant une place au ressenti subtil, à l’écoute de soi, à la confiance dans ses capacités corporelles et sensorielles.
Pour les soignants : interroger, écouter, observer
Pour les soignants, l’analyse fine des symptômes est un outil diagnostique à part entière. Elle permet de :
- Suspecter des formes spécifiques d’endométriose (urinaire, digestive, profonde…) ou suspecter une adénomyose, selon la nature et la localisation des douleurs, et ainsi proposer les examens adaptés pour orienter plus rapidement le diagnostic ;
- Quand les signes sont évocateurs (ex. : douleurs pelviennes cycliques, dyspareunie profonde, troubles digestifs ou urinaires rythmés par le cycle) cela permet de cibler plus efficacement les traitements adaptés ;
- Repérer la présence éventuelle d’une hypersensibilisation centrale (douleurs diffuses, persistantes, exacerbées, non cycliques), qui modifie la prise en charge ;
- Évaluer l’impact fonctionnel des symptômes sur la vie quotidienne, les capacités physiques, sociales, émotionnelles, sexuelles… et ajuster les soins en fonction ;
- Orienter vers des spécialistes appropriés : centre de référence, imagerie spécifique, prise en charge multidisciplinaire (douleur, digestion, urologie, fertilité…).
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Les formes
Les formes en quelques chiffres
Ils sont à prendre en considération avec prudence car les données sont très variables d’une étude à une autre.
25-50%
des personnes avec endométriose ont des endométriomes
10%
des personnes avec infertilité ont de l’adénomyose
20%
des personnes avec endométriose ont une lésion profonde
Formes classiques (pelviennes ou gynécologiques)
- Endométriose pelvienne superficielle → Lésions localisées à la surface du péritoine dans la cavité pelvienne, souvent responsables de douleurs cycliques.
- Endométriose pelvienne profonde → Lésions infiltrant les tissus pelviens en profondeur (utérosacrés, ligaments, vagin, rectum…), souvent associées à des douleurs sévères et une altération des fonctions digestives, urinaires ou sexuelles.
- Endométriose ovarienne (endométriome) → Présence de kystes remplis de sang ancien (« kystes chocolat ») à l’intérieur des ovaires, pouvant altérer la fertilité.
- Endométriose digestive → Atteinte du tube digestif, le plus souvent du rectum ou du sigmoïde, pouvant entraîner constipation, diarrhée, douleurs à la défécation, occlusion.
- Endométriose urinaire → Lésions touchant la vessie ou les uretères, pouvant provoquer brûlures urinaires, douleurs vésicales, troubles urinaires ou obstruction rénale.
- Adénomyose → Considérée comme une forme « cousine » particulière, c’est une pathologie proche de l’endométriose où du tissu endométrial s’infiltre dans le myomètre (paroi musculaire interne de l’utérus), provoquant règles abondantes, douleurs pelviennes, utérus augmenté de volume.
Formes extra-pelviennes plus rares
- Endométriose ombilicale → Présence de tissu endométrial au niveau du nombril, pouvant saigner au moment des règles.
- Endométriose diaphragmatique → Lésions situées sur le diaphragme (muscle respiratoire), parfois responsables de douleurs thoraciques cycliques, irradiant vers l’épaule droite.
- Endométriose thoracique → Forme rare touchant les poumons ou la plèvre, responsable de toux, douleurs thoraciques, voire de pneumothorax cyclique (effondrement du poumon au moment des règles).
- Endométriose pariétale → Atteinte de la paroi abdominale (muscles ou cicatrices chirurgicales), souvent après une chirurgie gynécologique (césarienne, coelioscopie…).
Formes très rares ou atypiques
- Endométriose lacrymale ou nasale → Lésions dans les glandes lacrymales ou les fosses nasales, avec écoulements ou douleurs cycliques oculaires ou nasales.
- Endométriose chez l’homme → Exceptionnelle, généralement décrite chez des patients sous traitement œstrogénique (ex : cancers de la prostate).
- Endométriose rachidienne ou médullaire → Atteinte de la moelle épinière ou des méninges, extrêmement rare, pouvant causer des symptômes neurologiques cycliques.
Les formes courantes
L’endométriose superficielle
Qu’est-ce que l’endométriose superficielle ?
C’est la forme la plus fréquente d’endométriose (environ 70 % des cas), caractérisée par la présence de lésions millimétriques à centimétriques à la surface du péritoine, la membrane qui tapisse la cavité abdominale et pelvienne.
Elle est dite « superficielle » car elle n’infiltre pas en profondeur les tissus (> 5 mm comme dans l’endométriose profonde), mais peut néanmoins provoquer une inflammation importante et des douleurs significatives.
Souvent sous estimée car difficile à visualiser en imagerie, elle peut être très symptomatique et impacter considérablement la qualité de vie.
Mécanismes physiopathologiques particuliers
→ Irritation des terminaisons nerveuses péritonéales, responsable de douleurs cycliques, même en l’absence d’infiltration.
Localisations fréquentes
→ Péritoine du cul-de-sac de Douglas (zone déclive)
→ Face postérieure de l’utérus
→ Ligaments larges
→ Loges ovariennes (surtout gauche)
→ Surfaces péritonéales des trompes de Fallope
→ Ovaires (face externe)
À noter : les lésions peuvent être rouges, noires, bleutées, blanches ou invisibles macroscopiquement, ce qui rend parfois leur détection difficile.
L’endométriose profonde
Qu’est-ce que l’endométriose profonde ?
L’endométriose profonde se définit par la présence de lésions infiltrant le péritoine sur plus de 5 mm de profondeur, souvent dans des tissus denses (muscles, ligaments, organes pelviens).
C’est une forme souvent plus symptomatique, douloureuse, complexe à traiter.
Localisations fréquentes et conséquences directes possibles
→ Ligaments utérosacrés (atteinte fréquente à gauche) : Dyspareunie profonde, douleurs pelviennes fixes, irradiantes
→ Cloison recto-vaginale : Douleurs à la défécation, rapports sexuels douloureux
→ Vagin postérieur : Nodules perceptibles au toucher vaginal, dyspareunie
→ Rectum / sigmoïde : Constipation, douleurs à la défécation, parfois rectorragies
→ Vessie : Pollakiurie, brûlures urinaires, douleurs sus-pubiennes
→ Uretères : Risque d’hydronéphrose silencieuse, douleurs lombaires, atteinte rénale
Pourquoi l’atteinte est-elle plus fréquente à gauche (LUS gauche)
Cette asymétrie anatomique est liée à plusieurs hypothèses :
→ Anatomie pelvienne asymétrique : le sigmoïde est situé à gauche, il crée une zone de stase qui ralentit la circulation du liquide péritonéal, favorisant l’implantation des lésions.
→ Courant du liquide péritonéal : le liquide péritonéal circule en sens horaire, favorisant l’accumulation à gauche (dans le cul-de-sac de Douglas ou sur le ligament utérosacré gauche).
→ Moins de drainage lymphatique à gauche, ou différences de vascularisation locales.
Conséquences cliniques et fonctionnelles
• Douleurs pelviennes profondes et invalidantes, souvent cycliques puis chroniques.
• Dyspareunie profonde (pénétration douloureuse), parfois évitement sexuel.
• Troubles digestifs ou urinaires cycliques, pouvant mimer un SII ou une cystite interstitielle.
• Infertilité, surtout si atteinte des annexes ou inflammation péritonéale associée.
• Complexité chirurgicale importante si atteinte du rectum, uretères, cloison recto-vaginale.
L’endométriose ovarienne et endométriomes
Qu’est-ce que l’endométriose ovarienne ?
Il s’agit d’une forme d’endométriose où le tissu endométrial ectopique s’implante sur ou dans les ovaires. Elle peut prendre deux formes principales :
• Implants superficiels sur la surface ovarienne (endométriose péritonéale de l’ovaire)
• Endométriomes : kystes ovariens remplis de sang oxydé (« kystes chocolat »), liés à une accumulation de sang menstruel dans une cavité formée par l’envahissement de l’ovaire.
L’atteinte des trompes de Fallope est souvent secondaire, liée à une inflammation pelvienne chronique ou à des adhérences.
Même un petit endométriome peut être très douloureux. À l’inverse, des kystes plus volumineux peuvent être silencieux.
Mécanismes physiopathologiques particuliers
→ Implantation de cellules endométriales à la surface de l’ovaire, qui pénètrent progressivement dans le cortex ovarien.
→ Formation d’un kyste pseudo-endométrial (endométriome) par accumulation de sang à chaque cycle.
→ Dans les trompes : atteinte des franges tubaires, fibrose et agglutination entrainant un impact sur la fertilité.
Localisations fréquentes et conséquences directes possibles
→ Ovaire gauche plus fréquemment touché, pour les mêmes raisons que le LUS gauche (stase du liquide péritonéal près du sigmoïde).
→ Ovaire droit également possible, souvent bilatéral dans les formes sévères.
→ Trompes de Fallope (hydrosalpinx, distorsions, adhérences péri-tubaires).
→ Adhérences tubo-ovariennes, souvent responsables de la perte de mobilité des annexes.
Conséquences cliniques et fonctionnelles
• Douleurs ovulatoires
• Douleurs posturales mécaniques, en s’asseyant notamment (sensation de pincement, poids)
• Risque de rupture ou torsion d’endométriome (plus rare)
• Infertilité, liée : à la déformation de l’ovaire,
à l’altération du micro-environnement ovocytaire,
à l’obstruction ou la dysfonction tubaire